Hasard et intuition dans les découvertes scientifiques – Jeudi 9 décembre 2021 – AVIGNON

Restaurant Françoise – 6 rue du Général Leclerc – Avignon
20h30 – 22h30

Entrée libre et gratuite

Invités

Sylvie CATELLIN, sémiologue, Maître de conférences honoraire à l’université de Versailles St Quentin
Ses recherches portent sur les relations entre sciences et culture dans la création, la médiation et la transmission des savoirs. Elle s’intéresse aux modalités de la découverte, et plus particulièrement au concept de sérendipité, sur lequel elle a publié un livre : Sérendipité. Du conte au concept, Seuil, coll. « Science ouverte », 2014.
Rémi BLANCON, Professeur d’Université – UFR Sciences, Technologies, Santé – Environnement Méditerranéen et Modélisation des AgroHydrosystèmes – Département Physiques

La découverte renvoie à quelque chose de caché ou d’inconnu. Or ce que l’on ne connaît pas, on ne peut pas le chercher puisqu’on ne sait pas ce qu’il faut chercher (paradoxe de Ménon). Une découverte est toujours inattendue.  Et si elle est attendue, ce n’est pas vraiment une découverte.

Doit-on alors se tourner vers le hasard et l’intuition ?

Le concept de sérendipité apporte une réponse à cette question. A l’origine, la sérendipité est la faculté de découvrir par hasard et sagacité ce que l’on ne cherche pas (Horace Walpole, 1754). Elle part du principe que la découverte peut se faire grâce au hasard et à la sagacité du chercheur.

Le mot nous vient d’un conte persan, Voyages et aventures des trois princes de Serendip. L’histoire raconte comment les trois Princes parviennent, sur leur chemin, à reconstituer l’image fidèle d’un chameau d’après les indices qu’il a laissés derrière lui… L’étymologie du mot désigne donc le mode de découverte propre à cette méthode d’enquête.

Quelle est la place laissée au hasard ?

Pour Horace Walpole, le hasard est lié à l’imagination. Ce qui arrive par hasard, ce n’est pas seulement un événement, une rencontre, mais aussi une idée incidente. Cette idée qui nous permet de comprendre ce qu’on a sous les yeux.

Est-ce que le hasard suffit ?

Prenons l’exemple de la découverte de la pénicilline. Le hasard ne suffit pas. Il faut la sagacité, la capacité de discernement qui permet à Alexander Fleming de faire le lien entre ce qu’il voit et ce qu’il en tire. En fait, toute découverte « hasardeuse » suppose d’abord la capacité d’interpréter ce que l’on voit, et surtout une disponibilité d’esprit pour s’étonner, se laisser surprendre. Sinon, c’est juste une occasion manquée, il n’y a pas de découverte. Si Fleming avait jeté la préparation abîmée, comme il est d’usage dans ce cas-là, s’il ne s’était pas étonné de son aspect, il n’aurait rien découvert.

Qu’est-ce qui distingue alors la sérendipité de tout autre mode de découverte ?

Puisque par définition, on ne « découvre » que ce que l’on ne cherche pas, toute découverte n’est-elle pas une réconciliation de la raison et de l’intuition ?

Comment mettre en place une politique de recherche qui favorise la sérendipité, la liberté personnelle et l’exploration ?

La dimension imprévisible et non-planifiable de la sérendipité souligne le besoin de liberté des chercheurs, or la plupart des programmes de recherche sont planifiés en fonction d’objectifs pré-définis, nuisibles à la créativité.

Le pass sanitaire sera demandé à l’entrée (certificat de vaccination, la preuve d’un test négatif de moins de 72h ou le résultat d’un test RT-PCR ou antigénique positif attestant du rétablissement de la Covid-19, datant d’au moins 11 jours et de moins de 6 mois).