DES HOMMES ET DES ANIMAUX, des rapports en pleine évolution – Mercredi 21 octobre 2020 – AVIGNON – Pour cause d’indisponibilité, ce café est reporté à une date ultérieure.
Pour cause d’indisponibilité, ce café est reporté à une date ultérieure.
20h30 au Restaurant Françoise 6 rue du Général Leclerc – Avignon Entrée libre & gratuite
Attention afin de respecter les normes sanitaires en usage l’inscription est OBLIGATOIRE – que vous veniez uniquement pour la soirée ou pour dîner avant.
Florence Gaunet, Laboratoire de Psychologie Cognitive CNRS&AMU, UMR7290 Marseille
Jocelyne Porcher, Directrice de Recherche INRAE Montpellier
Denis Schmid, Président du collectif vauclusien de protection animale, membre association L214
Jean-loup Héraud, Philosophe de la connaissance, Université lyon1
Un débat contradictoire s’est engagé aujourd’hui autour de la frontière séparant -ou non !- les hommes des animaux, reposant sur des prises de parti qui ne sont pas neutres à l’égard de nos représentations et de nos attitudes à l’égard des animaux. On raconte que Stéphanie de Monaco est allée jusqu’à dire que « Les animaux sont des hommes comme les autres » !
Il est loin le temps où l’on dévaluait l’animal pour lui opposer la supériorité de l’homme dépassant sa condition biologique au nom d’une faculté spirituelle, l’âme pour les religions, la Raison avec les Lumières au 17éme siècle. Se considérant comme « maitre et possesseur de la nature », l’homme se voyait alors légitime à dominer et dompter le règne du vivant. Nos sociétés occidentales ont éliminé depuis longtemps dans leur imaginaire mythologique la présence animale, au contraire de beaucoup d’autres modèles de société.
La théorie darwinienne de l’évolution au 19ème siècle a délogé l’homme du centre des espèces vivantes, en posant une différence de degré et non de nature entre l’homme et l’animal. Cette théorie a orienté les sciences (neurosciences, psychologie cognitive, l’éthologie etc.) dans le but de rechercher comment des fonctions intellectuelles, émotionnelles, sociales présentes chez les humains, étaient partagées par les non-humains, à un niveau de complexité différent. Pour la génétique contemporaine, nous partageons presque 99°/° de notre génome avec le chimpanzé, 80°/°avec la souris ! Une inversion de perspective s’ouvrait alors : non plus abaisser l’homme à l’animal, mais au contraire, élever l’animal à l’homme. Enlever à l’homme son privilège ontologique, métaphysique, c’est pouvoir soutenir que les animaux sont doués de conscience, de sociabilité, de mémoire et même de culture. Une nouvelle radicalité peut alors se mettre en place : faire de l’animal un être égal à l’homme…
Une seconde révolution est plus récente, qui considère l’animal comme être de souffrance. L’homme urbanisé d’aujourd’hui a perdu la sensibilité aux animaux qui était celle d’autrefois : elle se partage entre une surévaluation affective à l’égard de nos animaux de compagnie anthropisés et une indifférence à l’égard du sort des élevages industriels. Ces derniers sont devenus des choses marchandisées soumises à la violence de l’abattage : 60 milliards d’animaux sont tués chaque année pour nourrir l’homme ! Faut-il pour autant militer contre l’oppression de l’homme pour La libération animale avec P. Singer (1975), et même vouloir instituer des droits aux animaux, à l’égal de notre citoyenneté ?
Le débat reste ouvert aujourd’hui entre ceux qui veulent instaurer un univers éthique pacifié pour l’ensemble du vivant, clamant que « L’animal est une personne ! » et ceux qui, au contraire, à l’instar du philosophe F. Wolff maintiennent une rupture d’avec l’animal : « Nous ne sommes pas des animaux comme les autres » : l’espèce humaine est la seule à s’imposer des obligations et des devoirs par rapport aux autres animaux, par exemple des conduites de bien-être à l’égard des animaux d’élevage. Vercors parlait des hommes dans Les animaux dénaturés (1952) comme créateurs de valeurs !