« Espoirs et limites de la
restauration des patrimoines
culturels et naturels »
Mercredi 8 Décembre 2010 à 20h30
Restaurant « Françoise »
6 rue Général Leclerc
AVIGNON
Les concepts de restauration et de nature nous renvoient doublement au mythe de la perte du jardin d’Eden, à l’existence d’un âge d’or où l’homme aurait vécu en harmonie avec la nature avant d’en être chassé.
Il en va de même en matière de conservation et de restauration de notre patrimoine culturel (œuvres d’art, monuments historiques) où celle-ci renvoie à l’instant unique et sublimé de la création artistique.
Aujourd’hui, l’accélération des réformes et l’instabilité d’une économie libérale mondialisée, doublées de menaces globales sur notre environnement (changements climatiques) ont accéléré la prise de conscience des atteintes irrémédiables portées par l’homme à notre planète tant au niveau de son patrimoine naturel que culturel qui bien souvent sont liés (écosystèmes culturels).
Si les techniques employées pour la restauration du patrimoine culturel (chimie de la restauration) ont peu à voir avec celles employées pour la restauration du patrimoine naturel (écologie de la restauration, ingénierie écologique) ; il est surprenant de constater les nombreuses convergences qui existent entre les espoirs et limites suscités par ces nouvelles disciplines scientifiques.
En effet, si dans les deux cas, les interventions progressent dans le même sens par l’emploi de techniques durables basées sur de faibles intrants, l’utilisation de produits naturels et des synergies entre composantes biotiques et abiotiques des objets ou écosystèmes à restaurer ; les mêmes limites existent dans nos faibles capacités à restaurer des originaux ou à produire du faux notamment pour les milieux naturels.
De même systématiquement, les diverses interventions pratiquées produisent de nouvelles interactions chimiques ou biologiques avec les anciennes composantes à restaurer ou les éléments à l’origine de leur dégradation.
Enfin, dans les deux cas évoqués également, les conditions techniques et socio-économiques qui régissaient le contexte dans lequel les œuvres originales ont été créées, sont aujourd’hui totalement disparues.
En conclusion, l’objet ou l’écosystème restauré ne sera plus jamais un original car il portera non seulement les différentes traces des interventions mais de plus, celles-ci évolueront avec le temps…Les écosystèmes tout comme les œuvres d’Art ou les monuments historiques représentent donc des palimpsestes des interventions passées pour leur restauration ou conservation et le choix de l’état de référence appartient donc non seulement aux spécialistes par rapport à son degré d’accessibilité mais également à la société tout entière qui doit être à l’origine des choix de restauration et de conservation, images des valeurs sociales et culturelles dominantes d’une époque.
Ainsi, depuis quelques années, diverses opérations de restauration, aux objectifs plus ou moins accessibles grâce aux premiers résultats de la chimie et de l’écologie de la restauration, voient le jour sous la pression de l’économie (monétarisation des unités de biodiversité, marchandisation des œuvres d’Art, industrie du faux) qui cherche à s’accaparer ces nouveaux marchés potentiels.
Au travers de différents exemples basés sur l’étude du patrimoine naturel (plaine de La Crau dans les Bouches-du-Rhône, Cerrado du Brésil, forêts primaires à Madagascar) et sur celle du patrimoine culturel (stratigraphie d’une peinture de chevalet, espèces végétales copal au Mexique), seront discutés avec le public les espoirs, chimères et limites de notre capacité à restaurer durablement notre patrimoine qu’il soit naturel ou culturel.
Intervenants
Patrimoine naturel:
Thierry Dutoit (Pr.), Elise Buissson (MCF), François Mesléard (Pr.), Renaud Jaunâtre (Doct., Clémentine Coiffait (Doct), Jean-François Alignan (Master2)
Institut méditerranéen d’Ecologie et de Paléoécologie
UMR CNRS/IRD IMEP, IUT d’Avignon, Site Agroparc BP 61207, 84911 Avignon Cedex 09
Tél. 04.90.84.38.29
Courriel. thierry.dutoit@univ-avignon.fr
Patrimoine culturel:
Cathy Vieillescazes (Pr), Paola Lucero (doctorante).
Laboratoire de chimie bio-organique
Equipe Chimie appliquée à l’Art et à l’Archéologie, faculté des Sciences, 33 rue Louis Pasteur, 84000 Avignon.
Tél. 04 90 14 44 31.
Courriel. cathy.vieillescazes@univ-avignon.fr
Sujets des interventions:
Patrimoine naturel:
Thierry Dutoit : Restauration écologique et ingénierie écologique, origines, généralités, etc.
Elise Buisson : Exemples de projets de restauration au Brésil et à Madagascar
Renaud Jaunatre, Clémentine Coiffait, Jean-François Alignan : Exemples de divers projets de restauration dans la plaine de la Crau (Bouches-du-Rhône) sur la flore et la faune.
Patrimoine culturel:
Cathy Vieillescazes : apports de la chimie dans la stratégie de conservation-restauration.
Paola Lucero : retracer les routes commerciales à travers l’étude d’échantillons archéologiques aztèques.